Défis pour les femmes des pays arabo-islamiques
Le combat féministe est une longue marche, sa reconnaissance a été laborieuse, elle a nécessité de nombreuses « révolutions », révolution des idées, des moeurs, économiques et sociales, culturelles, et sans doute la plus déterminante, scientifique avec l’invention de la pilule. Ces bouleversements ont entraîné des affrontements violents et douloureux avec les Églises, et l’ensemble de la société patriarcale. Sur plusieurs siècles. Le XIX° et surtout le XX° ont été le théâtre de ces bouleversements.
L’obtention de lois égalitaires dans l’ensemble des pays occidentaux ne marque pas la fin de ce combat dans ces pays. Il reste encore beaucoup à faire, pourtant on peut dire, sans optimisme exagéré, que la révolution féministe a remporté de belles victoires, consolidées par des lois dans un grand nombre de pays, et qu’elle a fait des adeptes dans l’ensemble des pays. Le XX° se clôtura sur une prise de conscience largement partagée par les pays de tous les continents. En 1995 à Pékin l’ensemble de la communauté internationale s’est entendue, certains du bout des lèvres comme le Vatican et des pays fondamentalistes, sur un principe : les femmes sont nées libres et égales des hommes.
Le monde dit arabo-islamique n’a pas été à l’écart des mouvements qui marquèrent le XIX° et XX° siècle. Les sociétés arabo-islamiques, particulièrement, le Maghreb, le Liban, l’Égypte, le Syrie ont été confrontées au monde occidental. Ces confrontations principalement à travers les conquêtes et la colonisation ont été des facteurs de bouleversements. Les élites politiques, comme les sociétés civiles des pays colonisés, du Caire à Rabat ont dans cette conjoncture entrepris véritablement un travail d’appropriation des idées et des moeurs occidentales, et ont remis en question leurs sociétés sur des sujets aussi fondamentaux que la religion, la famille, le pouvoir politique, ouvrant ainsi la voix à la modernité par le chemin des Lumières. À la faveur de ce mouvement critique, apparaît un courant, dont Kamal Atatürk, le leader de la Turquie moderne représente la pointe radicale, pour demander l’émancipation des femmes, un mouvement qui dénonce l’interprétation de l’Islam, et son rôle négatif à leur égard. Certains pensaient même que la condition des femmes expliquait en partie l’état de décadence de leurs sociétés qui avaient facilité leur colonisation par les puissances occidentales. La libération de nos pays disaient-ils passent par la renaissance de nos sociétés, et cette renaissance par l’émancipation des femmes.
Et c’est aussi à partir de cette modernité que furent penser les indépendances, même s’il fallut aux mouvements indépendantistes, et ce fut déterminant pour la condition des femmes, pour mobiliser ses troupes faire appel à des considérations d’ordre identitaire et religieux. Très vite cette ouverture pour les femmes fut balayée par le souffle puissant des nationalismes dominés par les courants conservateurs et identitaires, par le Tiers-mondisme qui idéologisa ce repli sur soi tout en prônant l’indépendance économique des anciens pays colonisés.- Le Tiers-mondisme sera l’ancêtre des alter mondialistes, des mouvements post-coloniaux et des corpuscules contestataires néo-indigènes, et on peut même dire l’ancêtre des Islamiques.